« La Chine sort-elle renforcée ou affaiblie par le voyage de Kim Jong-un à Pékin? »

Dans un article publié le 29 mars 2018 dans le Journal Du Dimanche (JDD), la visite du dirigeant nord-coréen Kim Jong-un en Chine pose plusieurs questions et notamment celle de savoir qu’a retiré la Chine de ce voyage top secret.

En effet, le JDD pose la question « est-on bien sûr de savoir qui a la main? ». Le quotidien français cite la chronique radio sur Europe1 du rédacteur-en-chef international du JDD, François Clemenceau.

Ce dernier explique que

« c’est une question très difficile car ces périples et ces tractations se préparent et se déroulent dans le plus grand secret. Mais comme l’écrivait récemment l’un de nos meilleurs sinologues, François Godement, nous assistons presque aveugles à une partie de poker menteur. Avant les Jeux Olympiques, celui qui donnait l’impression d’avoir la main, c’était Kim Jong-un. Au mépris de toutes les résolutions et de toutes menaces, il annonçait qu’il avait atteint la puissance nucléaire et se permettait de défier la terre entière. Puis, ce fut le tour du président sud-coréen de prendre la main, en initiant cette diplomatie de la trêve olympique qui a permis aux dirigeants des deux Corées de se voir et de se parler et jusqu’à Pyong Yang d’où est sortie cette proposition d’un sommet entre Kim Jong-un et Donald Trump ».

De son côté, la Maison Blanche s’est pressée à préparer ce sommet Washington – Pyongyang, signe d’une volonté des Etats-Unis de prendre la main dans cette partie. Cependant, la visite de Kim Jong-un à Beijing, du 25 au 28 mars 2018 a changé la donne.

Malgré la mésentente entre le président chinois Xi Jinping et le président nord-cornée Kim Jong-un, les deux pays restent des alliées historiques. Chacun ayant des intérêts, la Chine souhaite – selon le rédacteur en chef international du JDD –

« par cette visite, qui s’apparente à une forme de convocation, prouver qu’il va falloir compter avec elle. Pour aboutir peut-être à l’objectif recherché, c’est-à-dire la dénucléarisation de la Corée du Nord, mais surtout pour ne pas en laisser la paternité, en cas de succès, aux seuls Américains. Du point de vue des nord-coréens, l’idée semble de bien rester au centre du jeu tout en indiquant quel sera son allié, la Chine, au cas où les choses tourneraient mal ».

« Par conséquent, oui à un sommet avec Trump, et non sous l’égide des Nations Unies, pour bien montrer que l’on est prêt à négocier de puissance à puissance, avec la médiation des sud-coréens pour commencer et peut-être celle de la Chine sur la fin », note François Clemenceau.

Ce dernier a estimé la position de la Chine comme tardive et « donc faible« , car « en admettant qu’on ne sait pas s’il existe une répartition des rôles préétablie , le rôle de la Chine est apparu depuis le début de cette séquence de rapprochement comme tardif, et donc faible ».

Pour le JDD, « si d’aventure, on aboutissait à un échec dans les mois à venir, les choses seraient perçues différemment et la prudence chinoise plus compréhensible. Sauf qu’en cas d’échec, en diplomatie, on a toujours plus d’indulgence pour ceux qui ont essayé de réussir que pour ceux qui sont restés à l’écart ». 

Cependant pour le chercheur en relations internationales et stratégiques, Barthélémy Courmont (IRIS),

 « la récente rencontre à Pékin, entre Xi Jinping et Kim Jong-un, est considérée comme une victoire côté chinois, qui semblait ces derniers temps écarté des négociations avec la Corée du Nord ».

Conclusion, pour l’heure, le JDD ne peut dire si la Chine sort renforcée ou affaiblie par le voyage de Kim Jong-un, car les cartes ne sont pas encore bien distribuées et les dés encore en suspends. Toutefois, l’alliance Beijing-Pyongyang ne devrait pas pour autant pâtir d’un échec ou d’une réussite de ces sommets, car la dénucléarisation de la Corée du nord ne signifie pas forcément un rapprochement vers la Corée du sud …

L’article du JDD 



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